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DE L’UKRAINE À BLOIS, RÉCIT DE VIES BRISÉES

Article de la Nouvelle République publié le 29/04/2022

Trente-huit ukrainiens sont arrivés en début de semaine à Blois et sont désormais à l'abri au foyer Mosnier, réaménagé pour l'occasion.

Nouhan et Tatiana ont fui leur pays sous le feu des bombes. Arrivés mercredi 27 avril 2022 à Blois, ils racontent l’Ukraine en guerre et leur périple jusqu’en France.

Deux noms et deux visages qui disent tout, ou presque, d’une guerre, qui a fait son retour sur le sol européen le 24 février 2022. Ce jour-là, le président russe Vladimir Poutine lance son invasion de l’Ukraine, poussant 5,4 millions de personnes sur les routes. Elles laissent derrière elles leur maison, et une partie de leur famille.

Nouhan Magassouba n’a que 31 ans, mais ses traits trahissent son usure. D’origine Guinéenne, ce jeune informaticien a fui Odessa avec sa femme ukrainienne Darina, et ses deux enfants. Il a été le témoin direct de l’horreur : « Ce qui se passe là-bas est d’une atrocité sans précédent », décrit-il.

"Les gens courent de partout, c’est la panique générale"

« Les bombardements sont si forts que les vitres se cassent même à des dizaines de kilomètres de l’impact », reprend Nouhan. « Les gens courent de partout, c’est la panique générale. » Avant le conflit, « Odessa était une ville paisible, touristique même, grâce à la mer Noire, où les gens venaient passer les vacances d’été » - où il vivait sans faste mais dignement, en exerçant le métier d’informaticien.


Ce qui se passe là-bas est d'une atrocité sans précédent.

Nouhan Magassouba, informaticien qui a fui l'Ukraine.

Comme son père avant lui, Nouhan Magassouba « avait choisi l’Ukraine pour faire ses études, parce que le coût de la vie y était moins élevé qu’en France, ou dans d’autres pays d’Europe ». Poutine et ses bombardements ont brisé ses rêves.

En emportant le minimum avec eux, le jeune informaticien et sa famille ont rejoint Lviv, ville frontalière avec la Pologne. « Il y avait un monde fou ; tout le monde cherchait à fuir mais l’aéroport était fermé, alors nous avons choisi la voie terrestre. »

En âge de combattre, Nouhan ne peut suivre sa famille, qui prend le train jusqu’en Pologne. Seuls sa femme et ses enfants s’en vont. Pour les rejoindre, il fera 100 km à pied… dans un sens puis dans l’autre, sa famille ayant finalement fait marche arrière pour le retrouver. Varsovie, puis Berlin, sa fille fiévreuse… Le reste du périple appartient déjà à l’histoire.

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Rebâtir les vies

À la fois tellement semblable et si différente de celle de Tatiana, mère de trois enfants, habitant Kiev. Le 24 février, jour du début des bombardements, restera à jamais gravé dans sa mémoire : « il était 4 h 42 du matin quand j’ai regardé mon téléphone. Des amis faisant partie de l’armée russe avaient commencé à m’alerter par SMS. Ils m’ont conseillée de préparer mes affaires et de quitter l’Ukraine. »
Si avec ses deux filles, elle parvient à fuir, son fils, lui, doit rester sur place. En effet, les hommes entre 18 et 60 ans se trouvent dans l’obligation de prendre les armes, ainsi l’a décrété le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Depuis, Tatiana vit dans l’angoisse permanente de recevoir un appel lui annonçant une terrible nouvelle.
Nouhan et Tatiana ne ferment pas la porte à un retour en Ukraine. Mais seule la fin de la guerre peut ouvrir la voie à la reconstruction de leur vie.

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